Edwina Tops-Alexander, l'amazone australe du saut d'obstacles

10/11/2012 08:56

 

Engagée sur le Grand Prix de saut d'obstacles de Vérone (Italie) qui débute jeudi, l'Australienne s'impose comme la meilleure cavalière du monde depuis quatre ans.

 

Edwina Tops-Alexander, le 6 août à Londres.
Edwina Tops-Alexander, le 6 août à Londres. | REUTERS/© MIKE HUTCHINGS / REUTERS

 

Dans la mouvante hiérarchie du concours de saut d'obstacles (CSO), l'Australienne Edwina Tops-Alexander est accoutumée au tableau d'honneur. Depuis quatre ans, la native de Sydney n'a quasiment jamais quitté le top 10 du très fluctuant classement de la Fédération équestre internationale (FEI). Une constance rarissime qui fait de cette compétitrice acharnée de 38 ans la meilleure cavalière du monde. Actuellement juchée au 8e rang de la discipline, Edwina Tops-Alexander participe du 8 au 11 novembre au Grand Prix Jumping de Vérone (Italie), une des étapes prisées de la Coupe du monde de saut d'obstacles. Sur le sable de Vénétie, l'Australienne sera confrontée à six des douze spécialistes du circuit de CSO.

Alors que rares sont les cavalières à se maintenir durablement au sommet de la discipline, la régularité de la cavalière océanienne détonne. "Edwina est une battante, analyse la Française Pénélope Leprévost, 11e au classement mondial et qui participe au concours transalpin. Ses qualités mentales résultent de sa soif de résultats. Edwina n'a pas d'enfant et a tout dédié à sa carrière. Aujourd'hui, elle fait partie des stars du circuit." A titre de comparaison, seule l'Américaine Elizabeth, dite "Beezie", Madden, 10e mondiale, double championne olympique par équipes à Athènes en 2004 et Pékin en 2008, et également médaillée de bronze en individuel en Chine, peut se prévaloir d'une telle continuité dans les résultats. Parmi ses nombreux objectifs, Edwina Tops-Alexander aspirait légitimement, en août, à un sacre aux Jeux de Londres. "Qu'une femme remporte le titre en individuel aux JO renforcerait le sentiment d'égalité entre les sexes qui régit l'équitation", confiait alors au Monde l'Australienne.

En arrivant sur la piste olympique de Greenwich Park, la fluette cavalière (1,64 m pour 49 kg) venait d'ajouter plusieurs trophées à son imposant palmarès. Fin 2011, elle remportait le Global Champions Tour, compétition opposant les 40 leaders du circuit de Jumping. Sur cette même série de concours créée par son époux hollandais Jan Tops, ex-cavalier et médaillé olympique en 1992, "l'Amazone" du Pacifique glanait, en avril dernier, l'étape de Doha (Qatar). Malgré ce pic de forme, l'Australienne ne finit, en août, qu'à la 20e place de l'épreuve olympique en raison de multiples erreurs.

ENFANT DE LA BALLE

Aux Jeux de Londres, Edwina Tops-Alexander s'appuyait pourtant sur son destrier fétiche, Cevo Itot du Château. Offert par Jan Tops en décembre 2007, ce "selle français" a contribué à la myriade de titres remportés par la cavalière océanienne. "J'ai reçu Itot en cadeau alors que j'étais en vacances en Australie, se souvient-elle. J'ai dû attendre d'être rentrée en Europe pour le monter. J'étais tellement impatiente !" Grâce à sa nouvelle monture appartenant jadis au cavalier français Michel Hécart, la native de Sydney décroche notamment trois Grands Prix (Bruxelles, Londres et Valkenswaard) lors de la saison 2009. "On a l'impression qu'Itot ne pourra pas sauter telle barre et pourtant il les passe toutes", sourit Pénélope Leprévost.

Celle qui a fait publier, cette année, son autobiographie (Edwina Tops-Alexander, l'étoile australienne, éd. Lavauzelle) a découvert le monde équestre à l'âge de 8 ans. "Mes voisins avaient des chevaux et j'ai naturellement ressenti une passion pour cet univers", explique la no 8 mondiale. Après un baptême sur les poneys Bo Jangles et Brandy, l'adolescente peut rapidement s'appuyer sur une écurie de cinq chevaux et finit par s'inscrire, à 18 ans, au championnat d'Australie Jeunes Cavaliers. Victorieuse de l'épreuve, elle découvre en 1996 l'échelon international lors de l'Horse Sow de Hongkong. Elle y triomphe en sellant un cheval prêté sur place. C'est à 24 ans qu'Edwina Alexander, résolue à progresser, décide de quitter son continent natal pour rallier l'Europe. Accueillie en Belgique par le cavalier Ludo Philippaerts, la jeune femme décroche, en 2001, la 3e place du Grand Prix de La Baule avec la jument Jozita. Elle crée alors sa propre société de commerce de chevaux : Equizone.

JAN TOPS, LE MENTOR

En 2002, la cavalière australienne se lie, lors des Championnats du monde de Jerez (Espagne), à celui qui devient son "pygmalion". De treize ans son aîné, Jan Tops, alors membre de l'équipe néerlandaise, accueille Edwina Alexander dans ses écuries de Valkenswaard. En 2005, l'ancien médaillé olympique achète à sa compagne la jument Pianotta. Cette dernière permet à l'Australienne de finir à la quatrième place lors des Jeux équestres d'Aix-la-Chapelle (Allemagne) en 2006. "Ce fut le plus grand résultat de ma carrière, estime la cavalière. Cela a lancé ma trajectoire." Basée aux Pays-Bas, Edwina Alexander a confié à Jan Tops le soin de gérer sa carrière. Le couple s'est marié en septembre 2011. "Jan est, avec mes parents, mon principal mentor, souligne l'Australienne. Son rôle est primordial. Il arrange et dirige tout." A la tête de l'entreprise conjugale, le manageur Jan Tops est ainsi l'un des principaux artisans de la réussite de son épouse.

Si elle s'impose comme une compétitrice voyant à long terme, Edwina Tops-Alexander sait parfaitement valoriser son image de marque. "Je participe à 48 épreuves par an donc je dois être ultra-organisée", confie celle qui indique constamment son actualité sportive, ses impressions et ses résultats sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, l'Australienne est devenue une attractive vitrine publicitaire. En octobre 2011, la cavalière est devenue l'ambassadrice de l'horloger suisse Jaeger-LeCoultre. "Je suis très heureuse d'avoir avec moi une entreprise qui est fortement engagée dans les sports équestres, qui me soutient et incarne un pan de ma carrière", note la nouvelle VRP des montres de luxe helvétiques. Dans cette logique de sponsoring, Edwina Tops-Alexander avait déjà cédé, il y a quelques années, aux sirènes de la maison Gucci. La marque avait d'ailleurs créé une ligne de vêtements d'équitation en l'honneur de la jeune femme. En guise de remerciement, la cavalière a depuis rebaptisé l'un de ses étalons. A l'origine nommée Vleut, la monture s'appelle désormais... Guccio.


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